« Le portrait de Dorian Gray », unique roman écrit par Oscar Wilde en 1890, est actuellement repris et mise en scène par Thomas Le Douarec au théâtre des Champs Elysées.
L’histoire raconte les vies de 3 hommes, qui vont se confondre de manière singulière.
Basil, artiste talentueux, décide de peindre le portrait de son jeune ami Dorian. Celui-ci, plutôt beau garçon, va être subjugué par le tableau qui révèle toute sa beauté. Aussi, dépité par l’idée de vieillir alors que le tableau conservera toute sa beauté avec le temps, Dorian fait le vœu que seul le tableau vieillisse tandis que lui conserve sa beauté, malgré les affres du temps.
Son vœu va s’exaucer. Pour le meilleur, comme pour le pire.
En effet, Dorian, sous l’influence de son ami Harry, va profiter de cette beauté inaltérable pour vivre une vie de plaisir et de décadence, sans que cela n’ait de conséquences physiques sur lui. Tandis que son âme va se pervertir, le tableau va très mal vieillir, devenant le reflet de celle-ci.
Cette pièce m’a beaucoup plu, tout d’abord pour la beauté et la profondeur du texte. En effet, celui-ci nous amène à réfléchir sur des sujets tels que l’amitié, la morale, l’amour, la beauté et le plaisir.
Aussi, Thomas Le Douarec propose une mise en scène simple mais efficace, avec des costumes et un décor facilitant notre immersion dans la société aristocrate anglaise de la fin du XXième siècle.
A son époque, le roman scandalisa l’Angleterre victorienne, qui réprimanda l’apologie de la beauté et l’accusa de chercher à pervertir la jeunesse.
Mais ce que la critique de l’époque ignore, c’est que la version originale du roman, publiée dans la revue américaine Lippincott’s Mounthly Magazine, a été revue à la demande de l’éditeur. En effet, celle-ci faisait explicitement référence à la sexualité des personnages et à leur homosexualité affichée, ce qui était contraire aux mœurs du temps.
Pour Oscar Wilde, il n’est pas question de confondre art et éthique : « un livre n’est point moral ou immoral. Il est bien ou mal écrit. C’est tout ». L’auteur se rit de la morale étriquée de l’époque, notamment à travers sa maxime désormais célèbre « la meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y céder ».
Aussi, cette pièce reste à mon sens d’actualité puisqu’un parallèle peut être avec notre société contemporaine, mettant les célébrités de télé réalité sur le devant de la scène, tout comme Oscar Wilde le fait avec le personnage de Dorian Gray. Celui-ci tenant sa gloire uniquement de sa beauté et de son apparence, n’ayant jamais rien fait, créé ou écrit.
Après avoir été jouée au théâtre du Lucernaire, le Portrait de Dorian Gray est joué jusqu’au 31 juillet 2016 au Théâtre des Champs Elysées, avec deux distributions différentes.
La Comédie des Champs Elysées :
15 avenue Montaigne 75008 Paris