Et voilà, on y est ! Votre petit bout est passé du stade de bébé à celui d’enfant et il est temps pour lui de passer la première grande épreuve de sa vie : sa première rentrée des classes. Epreuve pour lui, certes, mais également pour vous. Comment ça non ? Oh je vous en prie, pas de ça entre nous, n’essayez pas de me faire croire que la pensée d’ « abandonner » votre petit chaton d’amour dans la cour des grands ne vous arrache pas une petite larme !
Il n’y a pas de honte à avoir du mal à lâcher prise, à avoir du mal à se dire que ça y est votre enfant devient un grand, tout comme il n’y a aucune honte à ne pas supporter l’idée que votre enfant puisse se mettre à pleurer comme une madeleine lorsque viendra le moment de le laisser là et de repartir seule chez vous.
Et savez-vous ce que vous ne devrez surtout pas faire lorsque ce moment viendra ?
Montrer à votre enfant que vous êtes aussi émue que lui. Si vous le faisiez, ça ne ferait que renforcer l’impression qu’a l’enfant qu’il ne vous reverra plus jamais, cette impression que vous êtes forcée de l’abandonner comme les parents du Petit Poucet le firent dans le conte. Souriez malgré ce petit pincement au cœur, souriez, rassurez-le et au moment de vous en aller je vous en supplie, ne vous retournez jamais car alors votre enfant sentirait vos remords, votre envie de courir vers lui pour le ramener à la maison et ça ne ferait qu’accroître ses appréhensions et son chagrin. Vous le savez aussi bien que moi, nos enfants ont souvent du mal à se détacher du doux cocon familial et il n’est pas rare que la première rentrée soit sujette à de grosses crises d’angoisses et de pleurs.
Je me rappelle d’un papa très aimant, le genre de papa que tout enfant aimerait avoir, et qui a vu ses deux filles partir en internat. Pour la première, il restait devant le train à attendre, les yeux brillants. Pour la seconde, il pleurait, caché derrière les bosquets du lycée.
Nous sommes humains et nos larmes le prouvent. Mais il faut savoir lâcher prise, il faut se dire que c’est pour le bien de nos enfants que nous les laissons partir et non pour les punir ou leur faire du mal. Laissez-moi vous raconter une autre anecdote : mon amie Katherine est maman d’un petit Léon. Durant sa scolarité, Katherine faisait partie de ces enfants exclus avec qui personne ne parlait ni ne jouait, alors je vous laisse imaginer le souvenir qu’elle a gardé de ses années estudiantines ! Lorsque la rentrée de Léon arriva, Katherine me parla du CNED, de ne jamais envoyer son fils à l’école.
« Moi vivante ! –criait-elle- Moi vivante, jamais mon fils ne subira tout ce que j’ai subi ! »
Et bien sûr, le 2 septembre qui vit-on devant les grilles de l’école, tremblante et larmoyante ? Katherine, qui comme tout le monde avait emmené Léon à l’école. Elle appréhendait le grand jour plus que lui et en la voyant pleurer comme ça, je demandais aussitôt si quelque chose de grave n’était pas arrivé. Léon s’était-il déjà forgé une réputation de défouloir ambulant ? Mais non, rien de tout ça. La raison des pleurs de mon amie était la suivante :
« Il a reconnu un voisin et il est parti sans même me dire au revoir ! »
Oh l’ingrat ! Je fis semblant de m’indigner mais souriais en mon for intérieur. Léon avait prouvé à sa mère qu’un parcours scolaire n’en était pas un autre et lui avait également démontré qu’il était tout à fait capable de mener sa barque comme un grand.
Nos enfants sont bien plus matures que nous le croyons.
Laissons-les voler de leurs propres ailes tout en restant prêts à les réceptionner en cas d’atterrissage raté.
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