Paru le 3 juin 2017, ce roman met en exergue la quête de liberté du peuple haïtien et d’une femme nommée Rose-Mercie, une mulâtresse de « la bonne société », comme le dit sa mère.
L’auteure, Maggy Belin Biais, qui est née à Port-au Prince et a vécu en Haïti jusqu’à ses vingt-cinq ans, évoque un pan de l’histoire de l’île au début du vingtième siècle, tout en racontant l’histoire d’une femme émancipée, féministe avant l’heure.
Rose-Mercie n’a que seize ans lorsque sa mère la marie à Ange Peretti, un riche négociant corse installé avec ses deux frères au Cap-Haïtien. Peu de temps après leur mariage, Ange est mobilisé par la France lors de la Première Guerre Mondiale. Avant son départ, sa jeune épouse lui annonce qu’elle est enceinte. Elle accouche quelques mois plus tard d’une fille qu’elle nomme France.
Rose-Mercie décide d’aller vivre à Milot et de relancer l’exploitation d’orangers et de caféiers que son père, mort accidentellement quand elle n’avait que huit ans, a laissée. Elle y installe des ruches, une fabrique de confitures et crée des onguents parfumés destinés à la haute société haïtienne.
Les Américains ayant débarqué sur l’île en juillet 1915, les Cacos, paysans haïtiens, se révoltent contre l’occupation militaire américaine. Rose-Mercie ravitaille les maquisards et apporte son aide aux blessés.
Trois ans plus tard, Ange est démobilisé et rejoint sa femme. Leurs retrouvailles sont tièdes. Rose-Mercie s’est souvent interrogée sur les sentiments qu’elle éprouve envers cet homme qu’elle n’a pas choisi. En outre, Ange est traumatisé par les images de guerre qui hantent ses nuits. Il reproche à son épouse de se mêler de politique, hisse les Américains sur un piédestal en les considérant comme des protecteurs, alors que Rose-Mercie voit en eux des envahisseurs responsables de la mort d’un bon nombre de Cacos.
Nous ne révélerons pas la suite de ce roman que nous vous recommandons. Ecrit avec simplicité, il se caractérise par la présence d’un grand nombre de créolismes –traduits pour les rendre intelligibles- et la description de rites vaudous.
Dépaysant et instructif, il s’appuie sur des faits réels, étayés par la présence de politiciens ayant réellement existé, comme l’ancien ministre de l’Intérieur, Rosalvo Bobo, parrain de Rose-Mercie, qui préfère s’exiler en Jamaïque, plutôt que de se soumettre aux Américains régnant en maîtres sur Haïti.
L’auteure, Maggy Belin Biais, a épousé un journaliste français, qu’elle a suivi à Paris où elle réside désormais, mais elle reste fidèle à ses racines haïtiennes. Elle destine les droits d’auteur liés à la parution de son premier roman à l’association Haïti Futur.
Ce roman de 352 pages est édité par ZELLIGE.
Prix : 23 euros