A la naissance d’un enfant, les congés parentaux vont connaître un bouleversement très notable à partir du 1er Juillet 2021. En effet, à compter de cette date, le congé de paternité va passer de 11 jours à 25 jours (voire 32 jours en cas de naissances multiples) et 4 jours seront en outre ajoutés au congé de naissance (qui en comptait 3), qui culminera donc désormais à 7 jours (et qui sont obligatoire). Ce grand changement va permettre aux papas de pouvoir prendre plus de temps pour s’occuper du nouveau-né et cela va sans doute changer pas mal de choses pour un grand nombre d’entre eux, jusque-là quelque peu frustrés par le manque de temps face à une naissance et à l’arrivée d’un si bel évènement dans leur vie. Au cours de ce contenu, nous allons voir comment bien gérer ce congé allongé et parvenir à optimiser son temps pour que les choses se passent au mieux pour tout le monde, c’est à dire le papa, la maman, et bien entendu le bébé !

…par Romain Pillard.

L’idée du rallongement du congé de paternité, qui a germé dans les esprits des gouvernants français ces dernières années, a enfin été entérinée et cela a pour but de permettre aux papas de se recentrer sur ce que l’on appelle la parentalité. Il faut considérer que cette avancée sociale, car c’en est une indubitablement, se justifie par l’idée que le manque de temps pour s’impliquer dans la naissance et les tous premiers jours, avaient et ont un impact sur le foyer et sur chaque individu le composant ; correction a donc été apportée et de l’avis général, tant des mamans que des papas (mais sans doute aussi des bébés, bien qu’ils ne puissent pas le vocaliser !), c’est une mesure extrêmement positive et constructive !

I/ Qu’est-ce que cet allongement peut apporter au fond ?

De nombreux jeunes papas, à la naissance d’un enfant, avaient par le passé l’unique option de poser des congés et de cesser leur activité durant 2 ou 3 semaines, voire un mois, et au final, cela représentait à la fois une perte de productivité importante pour les entreprises (peu appréciée par les patrons en général…), mais aussi une perte financière sèche très préjudiciable pour le foyer … Il est pourtant louable pour un père de consacrer de son temps à son nouveau-né et d’ailleurs, comment ne pas considérer que c’est très injuste de pénaliser ou de mal voir ceux qui le font ou ont projeté de le faire ?

Le lien entre le père et l’enfant se construit aussi lors de ces premières semaines et il est primordial que l’enfant ait d’emblée un maximum d’interactions sociales avec celui qui sera son père toute sa vie durant, c’est un socle qu’il ne faut pas sous-estimer. Attention, lorsque nous disons cela, nous n’oublions pas la maman, loin s’en faut, mais le thème de notre article est le congé parental de paternité, alors c’est ce point que nous soulignons en particulier, voilà tout…

Lorsque le papa se retrouve seul avec son enfant, tous deux vont apprendre à se connaître et le papa va aussi avoir l’opportunité de se confronter à ce qu’est vraiment la réalité d’une naissance et des premiers jours, qui sont si spéciaux et nécessitent tant d’investissement. Grâce au congé parental rallongé, le jeune papa n’est plus seulement là dans une position plus ou moins  d’« auxiliaire » de la maman, il n’a plus seulement le rôle d’aide de camp si l’on peut dire, mais il peut et va au contraire pleinement pouvoir s’immerger et s’imprégner du rôle de parent, avec toutes les tâches et le suivi de chaque minute voire de chaque seconde que cela implique. Et cela, croyez-le bien, change du tout au tout pour les deux parents !

Terminée l’époque durant laquelle à chaque changement de couche, le branle-bas de combat devait être sonné afin de savoir où elles se trouvent, afin de connaître la technique pour s’en dépêtrer correctement ; désormais, il ne sera plus nécessaire d’en référer à LA spécialiste de la chose : la maman !

Les bodies, les grenouillères, les couches, les biberons et leur préparation, les sucettes, le thermomètre, le lait (bon, évidemment, si allaitement de la maman, le papa ne pourra pas se substituer…), autant d’actes qui dorénavant, pourront être pris à bras le corps par le jeune père, et c’est tant mieux. Alors évidemment, dans un premier temps, il va falloir faire l’effort d’apprendre tout ça, que ce soit le vocabulaire en lien bien sûr, mais aussi au niveau de la pratique, et si cela peut prendre un peu de temps, très vite, les choses vont rentrer dans l’ordre et chacun saura trouver sa place au plus près du nouveau-né, car c’est cela qui compte avant tout. Par extension, et cela n’est pas négligeable, tout ceci représente une charge mentale non négligeable ôtée à la maman, et vous pouvez nous croire sur parole, cette dernière n’en sera que reconnaissante et allégée, car, l’après naissance requiert aussi des plages de repos pour celle qui vient d’enfanter.

Comme vous venez de le lire, ce rallongement du congé de paternité qui est certes encore loin des 3 mois alloués au papa en Norvège par exemple, est déjà un pas en avant qui ne se dément pas, et il représente en soi une avancée sensible pour chaque membre de la famille.

Maintenant que nous avons bien insisté sur ce point, nous allons à présent pencher sur l’aspect un peu plus matériel de la gestion du temps et des événements, afin de pouvoir optimiser tout ce qui peut l’être pour faire de cette période un moment fondateur dans la vie de l’enfant et un moment privilégié aussi dans la vie de papa comme de maman.

II/ Optimiser le temps, l’espace et le vécu en commun, telles sont les 3 clefs…

Il est primordial, au plus tôt dans la vie de votre enfant de pouvoir construire, brique après brique, ce relationnel qui formera le socle de ce que seront vos rapports avec lui tout le temps que vous partagerez son existence… Il n’y a donc pas de temps à perdre pour se coller à ce « magnifique chantier affectif » qui sera quelque part une des œuvres de votre vie, n’en doutez pas ! Et c’est un « chantier »…Pharaonique !!! Lorsque le gouvernement décide de rendre le congé de paternité obligatoire, il a dans l’idée, c’est certain, de lutter contre cette idée préconçue que notre hiérarchie professionnelle n’appréciera pas que nous nous l’autorisions, au détriment de notre productivité au travail, il ne faut donc pas (ou plutôt plus…) culpabiliser dans cette situation et au contraire, tout faire pour en tirer un maximum de choses positives.

Ce qu’il faut bien comprendre et aussi accepter, c’est l’idée que passer plus de temps avec son nouveau-né qu’avec ses collègues de travail, c’est, au fond, NATUREL et complètement LÉGITIME !

Vous aurez tout le temps de revenir travailler et de faire du chiffre ou de fabriquer des choses pour faire tourner l’économie, par contre, à l’inverse, le temps qui vous est imparti pour vous construire des souvenirs impérissables et un passé commun avec votre fille ou votre fils, et bien n’est pas extensible quant à lui… En outre, ce laps de temps défile à une vitesse bien plus effrénée que vous ne pouvez l’imaginer. Votre enfant ne naîtra et ne grandira qu’une seule et unique fois, il est absolument crucial de savourer chacun de ces instants, même si, au présent de chaque minute, bien entendu, cela causera parfois une certaine fatigue, ne nous mentons pas. Mais lorsque dans quelques années, vous regarderez dans le rétroviseur de la vie, vous repenserez alors à ces micro siestes que vous vous autorisiez afin de « tenir le choc », et vous le ferez les yeux embués de larmes et de mélancolie devant votre « grand » ou votre « grande » qui n’aura d’yeux et d’éloges que pour ses copains et ses copines de classe…

Cela n’a pas de prix de participer à la construction du bout de chou, d’assister et de participer à ses premiers babillages, à ses premiers pas…mais vous comprendrez tout cela le temps venu, car les mots sont un peu légers pour définir ce que cela représente au fond du fond !

Ne vous y trompez pas, tout ceci n’est pas de tout repos et il va vous falloir faire montre d’une énergie, d’une endurance et d’une résilience bien supérieures à ce qu’elles ont pu être jusqu’à maintenant dans votre vie active, mais pour quels objectifs à terme ! Et puis, avec la force de l’expérience des premiers jours, vous trouverez une sorte de rythme, qui se calera sur celui de l’enfant. Au final, peut-être que vous n’aurez pas précisément d’horaires fixes à tenir (sauf pour la nourriture et ce genre de choses évidemment…) et si cela va sans doute vous sembler contraignant de prime abord, il y a un certain confort dans cette idée de ne pas être esclave de sa montre et d’être disponible à 100 %. Prenez le temps de profiter car très bientôt, c’est en tout cas le lot de beaucoup de parents, ce sera la crèche qui prendra le relais, et vous ressentirez très possiblement une sorte de vide, qu’il sera très difficile de résorber.

S’agissant précisément du comportement du jeune papa à présent, il nous semble important de dire que très souvent (c’est en tout cas ce que montrent les études…) ces derniers n’agissent pas tout à fait de la même manière que les jeunes mamans, face aux différents comportements de bébé. Il ne faut pas chercher à lutter contre cet état de fait, car il est naturel et bien légitime, au contraire même devrait-on dire, car cela contribuera notamment à d’autant plus stimuler le nouveau-né dans son apprentissage de la vie, dans tout ce qui a trait au jeu et au lien tant social qu’affectif.

En prolongement de cette première remarque, les études prouvent aussi de façon assez marquée, que lorsqu’un papa s’implique très tôt dans l’éducation du nouveau-né, outre le fait que cela favorise par la force des choses le partage des tâches et des responsabilités familiales (et la fameuse charge mentale…), alors il a aussi tendance à s’impliquer aussi davantage, plus tard, dans l’éducation de l’enfant et participe d’autant plus aux tâches ménagères, que l’on sait être harassantes et quelque peu rébarbatives, pour le dire en des mots bien choisis…

Au sein du foyer, il est primordial que lors du congé de paternité, l’enfant puisse bénéficier de l’attention de son papa pour tout l’éventail de choses qui font sa vie, c’est à dire bien sûr, en matière de soins prodigués, que ce soit l’hygiène, l’alimentation, mais pas seulement… Pour tout ce qui va toucher aux « loisirs », ou plutôt à l’éveil, car c’est sans doute un terme plus approprié, le jeune papa là encore doit pouvoir apporter sa pierre à l’édifice. Cela consiste bien entendu en des choses aussi simples que les petites interactions avec bébé, que ce soit par le biais de ses peluches, de son doudou et ce genre de choses, mais aussi en ce qui concerne l’éveil en lien avec le monde dans un sens plus large.

Cela signifie qu’il est important de comprendre que les sorties, les promenades, ne doivent pas obligatoirement être faites en compagnie de maman exclusivement ; il est crucial que le nouveau-né, au plus tôt, comprenne bien que ce type d’expériences (complètement bluffantes et exotiques de son point de vue de bébé) n’est pas corrélé à un seul de ses parents, mais peut effectivement être vécu avec papa ET maman. La découverte du monde, le vent dans les branches, les bruits, les sons et les odeurs qui font la vie sont très prégnants pour l’enfant qui débute son existence et même s’il n’est pas armé pour comprendre absolument tout des phrases ou des explications que vous lui donnez, il est crucial qu’il associe la « Découverte » à ses deux parents, c’est même fondateur pour tisser du lien au-delà de la simple affection de chair et de sang.

C’est ce type d’interactions profondes, en des lieux variés et surtout qui se répètent dans le temps qui va permettre au nouveau-né de se construire en tant que petit-être. Le jour où il ou elle vous regardera les yeux dans les yeux, il y aura ainsi tout un tas de messages qui déborderont de ses prunelles auxquelles vous tenez sans doute plus qu’aux vôtres, et si cela peut paraître intangible lorsque nous soulevons l’idée seulement par les mots, vivez-en l’expérience et il ne faudra pas longtemps avant que vous n’abondiez dans le sens de ce que nous vous confions présentement.

Pour conclure :

Si comme nous l’avons souligné plusieurs fois déjà au cours de ce contenu, le fait d’avoir rallongé le congé parental est une bonne chose de la part de nos gouvernants, il va de soi que ce n’est pas cela, en soi, qui permettra forcément au jeune papa de tisser un lien affectif plus profond avec son enfant.

Pour parvenir à cela, il est primordial de bien comprendre que c’est une histoire d’implication en profondeur dans toutes les tâches qui ont jusqu’à présent et de tout temps été dévolues à la maman ; ainsi, s’impliquer davantage très tôt représente une sorte de gage de meilleure répartition des tâches et de la charge mentale au sein du couple sur le long terme. Par ailleurs, le papa lui aussi a besoin de temps pour connaître son enfant, y compris dans sa période de bas âge, et l’égalité homme-femme passe aussi par cette idée de partage, tant sur le plan personnel, que sur le plan professionnel (et par la même, mettons fin au « risque de maternité » encore trop souvent évoqué par certains employeurs, et remplaçons-le par un « risque de parentalité », bien plus paritaire et égalitaire).

Et pour finir, comprenons bien ceci,  dès la naissance, un bébé a à la fois besoin de sa maman ET de son papa pour se développer et grandir de la façon la plus harmonieuse  possible, alors, ne laissez pas votre part au grand vide, vous le regretteriez sans doute dans un futur plus ou moins proche…profitez, vivez !