La jeune fille et la mort A3 PRINT ProlongationsNous avons vu avec le plus vif intérêt la pièce de l’auteur argentin/américain Ariel Dorfman, mise en scène par Massimiliano Verardi.

L’intrigue:

Paulina Solas, ex-militante emprisonnée et torturée durant le régime dictatorial d’un pays d’Amérique latine, qui est vraisemblablement le Chili, vit avec son époux Gerardo Escobar, brillant avocat. Le soir où il est nommé à la commission qui enquêtera sur les méfaits de la dictature, Gerardo tombe en panne de voiture. Un certain Docteur Miranda le raccompagne à son domicile et lui rend visite quelque temps plus tard. C’est alors que Paulina, hantée par la torture et les viols subis quinze ans auparavant, croît reconnaître en ce visiteur providentiel un de ses anciens tortionnaires.

Décidée à se venger, elle convainc son mari de jouer l’avocat de la défense, en contraignant Miranda à avouer ses actes de torture, commis sur la musique du quatuor de Franz Schubert, La Jeune Fille et la Mort…

L’espace d’une nuit, les rôles s’inversent, la victime devenant à son tour bourreau.

Notre avis:

JFM - credit Photo Thomas Deslypper (1)Le jeu des acteurs est prenant, rythmé et ne laisse aucun répit dans cette recherche de catharsis et de vengeance.

Le suspense créé par l’intrigue tient au fait que les trois personnages se dévorent mentalement, soit en jouant à des jeux de dupes, soit en essayant de casser le moral de l’autre.

A travers ce huis-clos, l’auteur nous fait part de ses questionnements sur notre capacité à devenir ou rester humains. D’une actualité évidente, le texte de cette pièce parue en 1991 interroge sur l’éternel conflit entre justice et devoir de mémoire, tout en évitant le moindre moralisme.

Cette pièce, qui se joue au Théâtre Pixel  tous les vendredis à 19h30 jusqu’au 28 mars 2014 (excepté le 7/03) peut également être vue lors de trois représentations exceptionnelles au Théâtre du Lavoir Moderne de Paris, 35 rue Léon Paris 18ème, les 25, 26 et 27 février à 21 heures, en soutien à la mesure de fermeture qui menace cette salle de spectacle trentenaire.

Crédit Photo : Thomas Deslyppe