Lorsqu’on se retrouve personnellement confronté à la maladie ou au handicap (et je ne parle pas nécessairement d’être paraplégique ou d’avoir un cancer) et qu’on est une femme, on a la cruelle sensation que nous ne plairons plus jamais. Après tout, la beauté intérieure, nos qualités, notre charme naturel, ont-ils encore une quelconque valeur face à la gent masculine alors qu’il y a cette horrible chose en nous, cette chose, qui, qu’elle se voit ou non, nous semble tout à coup aussi spectaculaire qu’une grosse tache d’encre sur un tailleur blanc ?

Nombreuses sont celles qui se sont vues plaquées, moquées, délaissées, après que leurs petits copains ou potentiels petits copains, se soient aperçus de l’existence de cette grosse tache.

Certains hommes sont lâches, d’autres se sentent impuissants et préfèrent partir avant de souffrir ou de faire souffrir.

Peut on vraiment les en blâmer ? Non. Par contre, on peut les blâmer d’avoir mis à mal notre fierté, d’avoir planté cette graine empoisonnée et fertile qu’est le doute en nous. On peut aussi les blâmer d’avoir promis amour et fidélité et de ne pas s’être tenus à leurs engagements.
Mais souvent, on ne le fait pas. On se blâme soi même, on se dit que ça y’est c’est fini, le temps des rencards et des roses rouges est bel et bien révolu pour nous. Nous sommes les parias, celles qui ne plairont plus.

Pourtant, séduire et être séduisante, malgré la maladie et le handicap est possible. Tous les hommes ne fuient pas, ne profitent pas, n’abusent pas et ne brisent pas nos cœurs déjà meurtris. Puisqu’ils sont prévenus à l’avance et qu’ils savent à quoi s’en tenir à l’heure du premier rendez vous, ne partez jamais défaitiste. Rappelez vous qu’un sourire c’est la moitié du boulot de fait ! Et puis, est-ce que la maladie/le handicap vous empêchent d’être belle et élégante ? Non. N’hésitez pas, si vous ne pouvez le faire vous-même, à demander à un proche, un ami, de vous aider à vous préparer, et ne croyez jamais que vous dérangerez, bien au contraire, les gens qui vous aiment seront toujours ravis de vous rendre service.

De même, si ce que vous avez se voit, d’une manière ou d’une autre (fauteuil roulant, canne blanche, prothèse auditive, lunettes noires, hématomes, cicatrices, excroissances…), jouez de vos complexes pour en faire vos atouts. Rappelez vous que si le maquillage, les bijoux et les accessoires de mode sont là c’est pour nous embellir et masquer nos petites imperfections.

Et puis, un homme qui vous aime vous trouvera toujours la plus belle. Ne baissez pas les bras, ne fermez pas votre porte à l’amour et à votre charme.

Je me souviens d’une femme aveugle, rencontrée lors des portes ouvertes de l’école des chiens guides de Roncq. Elle n’avait pas de canne, seulement un bon gros toutou et très sincèrement, je ne m’étais pas aperçue de sa cécité et je ne m’en serais probablement jamais aperçue si elle ne m’en avait parlé. Cette femme m’avait marquée parce qu’elle n’avait pas trente ans et souffrait de la même pathologie qui provoqua la perte de vue de mon fiancé. Elle était belle, pas trop sophistiquée, élégante, bien habillée et maquillée avec un soin d’orfèvre. Et elle avait ce regard, plein d’étoiles et de mélancolie tout à la fois, poulet à la mangue et tapioca au chocolat, émotions contradictoires et pourtant complémentaires mêlées en un seul regard. Je la trouvais sublime. Et à mon avis, il y avait dû avoir au moins un homme qui ait été de mon avis, parce qu’elle avait sa fille avec elle. Une enfant adorable d’ailleurs, qui m’avait fait sourire par la façon dont elle veillait jalousement sur sa mère, prête à sortir les crocs si jamais on s’attaquait à elle.

Ceux qui vous jugent par rapport à ce que vous avez et non par apport à qui vous êtes sont des imbéciles.
Aimez-vous, acceptez-vous.
Et les autres feront de même.


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